Mission impossible : écosser les gars de Mogwai

Après huit albums et quinze années à peaufiner leur formule, Stuart Braithwaite et John Cummings ne sont pas vidés. Ils auraient pu, car Mogwai ne change jamais vraiment et que les deux garçons ne sont pas du genre à stagner. Entre bandes originales de films, albums de remix, activités parallèles (un bar, par exemple) ils savent se donner du souffle entre deux albums. Rave Tapes (sortie le 20 janvier) est donc leur huitième album et il n’est pas tout à fait le même, ni tout à fait différent de ses grands frères : montées progressives et majoritairement instrumentales, phases quasi-ambient contrastant avec les tempêtes de drones distordus venant par la suite et cascades de solos de guitares réverbérées. Pas de quoi perdre les fans de la première heure, quand les autres y verront certainement une forme de redite. Quoi qu’il en soit, il ne faudra pas compter sur les deux écossais pour s’étaler longuement sur leur dernier bébé: ils n’aiment pas causer musique. Ils sont aussi bavards que leurs chansons, et cela dès qu’il s’agit d’évoquer la genèse de l’album ou sa place au sein d’une œuvre globale. Une réserve que le duo expliquera en partie dans cette interview, se montrant beaucoup plus prolixe dès qu’il s’agit de parler des « à -côtés » de l’album et de son goût pour illustrer les images qui bougent.

Vous étiez déjà sur Paris en début d’année dernière, pour la bande-originale des Revenants, non ?

Stuart Braithwaite : Oui, nous aimons beaucoup Paris, c’est une chouette ville.

Vu les noms de certains de vos titres, votre travail sur la série Les Revenants et un studio qui s’appelle « Castle of Doom », je me demandais si vous n’étiez pas un peu fans de films d’horreur ?

SB : Oui, effectivement c’est le cas pour certains d’entre nous, surtout Dominic et moi.

John Cummings : Pour ma part, je ne suis pas contre un film d’horreur de temps à autre. J’aime bien quelques films. Surtout ceux d’exorcisme : l’Exorciste 1, 2 et 3, l’Exorcisme d’Emily Rose, Le Dernier Exorcisme. Mais je ne suis finalement pas fan d’avoir peur pour avoir peur. C’est comme un poison pour moi. Avoir peur est la réaction de ton corps face à un truc qui ne va pas. C’est quand même bizarre de chercher ça…

Sinon, vous écoutez des bandes-originales de films ?

SB  (immédiatement) : oui, de films d’horreur !

JC : Oui, horreur et science-fiction. Ce n’est pas nouveau mais j’adore les musiques de John Carpenter. Le truc indémodable à écouter d’un bloc, régulièrement.

Pour en revenir aux Revenants, en deuxième position après Victor, le gamin utra-flippant de la série, votre travail est pour moi le truc le plus marquant de la série. Dans le même genre post-rock dans un film où tout va mal, Godspeed You Black Emperor avait été repris par Danny Boyle pour la musique de 28 Jours Plus Tard. Vous ne sentiriez pas d’écrire la bande-originale d’un vrai film d’horreur post-apocalyptique un peu badass ?

SB : Oh oui, s’il vous plait.

JC : En plus, je ne pense pas me tromper en affirmant qu’on serait probablement doués pour ce type de musique. Sinon, nous sommes heureux de voir les Revenants marcher aussi bien chez nous qu’aux US. On bosse actuellement sur la saison 2 et c’est plaisant de savoir cette fois à quoi ressemble la série en écrivant les compositions. C’est un peu plus simple (rires).

L’imagerie autour de Mogwaï, c’est un truc qui vous préoccupe ? Vous y réfléchissez beaucoup ?

JC : Je pense que par nature notre musique est très facilement adaptable à pas mal de contextes visuels. Nous sommes toujours ouverts aux propositions de réalisateurs voulant confronter leurs univers à notre musique. Tant qu’ils ne font pas dans le porno animalier ! (rires)

C’est dur d’innover quand on a quinze ans de carrière derrière soi, une identité bien définie et une fan-base internationale quand même bien accrochée à une certaine « formule » Mogwai ?

JC : (de longues secondes passent…) Je pense que la meilleure des réponses possible à ta question serait : oui, c’est dur. Mais en même temps, c’est compliqué d’analyser ce tu fais. Tu le fais, c’est tout. Ce qui compte, c’est que toutes ces années nous avons su rester passionnés et enthousiastes pour tout ce qui touche à Mogwai. Nous faisons ce que nous voulons, notre musique nous plait et nous en tirons toujours autant de fun sans avoir à calculer. Personne dans le groupe n’a envie d’avoir ce type de réflexion et encore moins d’en parler.

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