De passage par la capitale pour une série de sessions promotionnelles et de longs entretiens, Lionel Vancauwenberghe et Antoine Wielemans fument des cigarettes roulées en enchaînant les cafés. Détendus, sereins, et enclins à parler du meilleur (ce nouvel album donc) comme du pire (le décès récent de Denis Wielemans, batteur et frère d’Antoine), les deux têtes pensantes de Girls in Hawaii reviennent sur cette absence, parlent avec amour de Grandaddy et évoquent une éventuelle suite à Everest (lire/relire notre chronique de l’album).
Antoine Wielemans : Notre quotidien en ce moment, c’est beaucoup de promo, et on bosse sur la tournée qui démarre en octobre. Une tournée qui va être assez costaud, donc on est en résidence pour peaufiner ça. On bossait depuis les débuts du groupe avec un scénographe, un pote, qui a réalisé certains clips pour nous, ainsi que les pochettes des deux premiers albums. On projetait des films pendant les concerts, on se reposait beaucoup là-dessus. Sur cet album, on ne travaille plus avec lui, et nous n’avions plus trop envie de nous planquer. Au départ, c’était de la timidité, on voulait que sur scène, les gens regardent autre chose. Mais d’année en année, ça a fini par nous frustrer. Si tu te caches trop, tu ne vas plus chercher les gens, et tu deviens fainéant. On souhaite changer nos habitudes, pour apporter un peu de fraîcheur à tout ça. On va tenter d’assumer le fait d’être des musiciens sur scène.
Vous êtes des gens timides, ce qui ne va pas de pair avec l’exercice de la promo, où vous devez vous expliquer et parler de vous.
Lionel Vancauwenberghe : Toute cette timidité, ça commence à dater. On n’est pas très fan du fait de devoir se mettre en avant. La musique, fatalement, devient un peu un job. Mais avoir son jardin secret ne doit pas en être un, sinon tu finis tout simplement par sortir de mauvais disques. Ou tu t’arrêtes. Sur le deuxième album, on a senti que peut-être, ça pouvait devenir un boulot.
On fait quoi dans ces cas là ?
Antoine : On patiente. On a le temps. Dans le cas présent, l’histoire a voulu qu’on fasse une pause, et que donc on revienne dans un autre contexte, plus âgé, plus mature. Le décès de Denis nous a évidemment profondément marqué. Chacun a davantage pris ses responsabilités, dans le groupe et dans la promo. Mais je ne vais pas te mentir, c’est usant de répéter toute la journée la même chose. Même si on une plus grande envie de s’impliquer aujourd’hui. On assume mieux le projet dans tous ses aspects. Pas seulement le live ou le studio, mais également les déplacements et les interviews.
Avec le décès de Denis, aviez-vous conscience que les gens allaient davantage analyser vos textes ?
Antoine : Absolument. On a donc bossé sur cet aspect. Des mois et des mois. Certains textes sont très « écriture automatique », une manière pour nous de ne pas être trop précis sur un sujet, d’être poétiques plutôt que concrets. Mais on en a aussi travaillé d’autres pendant des semaines, parce qu’on voulait un truc précis. Mais forcément, les gens entendent des choses qu’on n’a pas mis dedans.
Ce qui devait aussi être le cas sur les deux premiers.
Lionel : Tout à fait. Mais c’est drôle, car la construction analytique du disque, on l’a faite en interview. Les premiers entretiens, on s’est mis petit à petit au diapason, à comprendre un peu mieux ce qu’on a fait. On aime l’impulsivité, dans la musique comme dans les textes. Certains textes.