Riff Raff est-il la nouvelle arnaque du hip-hop US ?

Oui, c’est le casse du siècle. Difficile de prendre au sérieux un mec qui se veut rappeur et se fait tatouer Bart Simpson sur le cœur et le logo de MTV dans le cou. Après avoir été recalé au premier tour d’un télé-crochet de la chaine américaine, ce natif de Houston a décidé de capitaliser sur son passage TV et a fait monter son buzz en saturant Youtube et Twitter de vidéos de ses différents freestyle. Il faut dire que le Cindy Sander du rap ricain a de quoi surprendre : aussi white trash que Kid Rock, aussi mythomane qu’Afida Turner et fringué comme un travelo hipster, Riff Raff cultive la débilité forcée avec un enthousiasme qui tient souvent du personnage de cartoon. Le problème est que, trop concentré à faire le pitre devant ses 450.000 followers, le rappeur fait un peu trop souvent basculer sa musique dans un mélange de soupe et de sirop à la codeine.

Non, il n’est pas qu’un papillon de lumière. Quand on le colle devant un micro et qu’il accepte de ne pas faire l’idiot de service, Riff Raff se révèle en tchatcheur efficace et précis qui va plus loin que sa collection bling bling fluorescente et son look de crétin. Sous lourdes influences texanes, son rap timbré lui a même fait décrocher un contrat chez Mad Decent, label du producteur Diplo, chez lequel il dit avoir signé pour 3 millions de dollars et 8 albums. Entre entertainment outrancier et exubérance obsessionnelle, Riff Raff semble finalement avoir compris mieux que quiconque le fonctionnement du hip-hop des années 2k10, comme en témoigne le génie fucked-up de certaines de . Ajoutez à cela quelques featurings avec des pontes du hip-hop actuel tels , ou  et on finit par comprendre que Riff Raff est bien plus qu’un simple équivalent US de notre Swaggman national.

Non, et d’abord il ne le sait même pas lui même. A l’heure des réseaux sociaux et de la musique 2.0, la course au buzz transforme souvent les rappeurs en véritables freaks. Déjà amorcée par des cinglés comme Lil Wayne ou Gucci Mane, l’attitude WTF s’est banalisée avec l’hyperactif Lil B, la girly ou même Snoop Dogg et son improbable renaissance rasta. Constamment sur le fil entre canular et vraie démarche artistique, Riff Raff est de cette génération ayant ingéré en zapping les forces et les dérives de la culture américaine, au point de recracher le tout en une bouillie de tweets, de rap digital et de schizophrénie swag. De quoi amuser le réalisateur Harmony Korine qui, dans son prochain film Spring Breakers, fait jouer à James Franco le rôle d’un rappeur frappadingue inspiré, entre autres, par Riff Raff. Récemment, le magazine anglais Dazed & Confused tentait lui aussi de décrypter le phénomène en mettant en couverture cet obsédé de mode à l’accent aussi redneck qu’un fusil Windchester. Et après tout, c’est plutôt agréable de voir un crado puant du sud salir le papier glacé des journaux hype d’un gros mindfuck sonique et visuel.

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