Oui, elle vient aussi des Internets avec des clips hallucinés. Lana Del Rey a explosé le compteur des vues Youtube l’automne 2011 grâce au clip suranné de « ». C’était enfin le temps de la reconnaissance pour la dame qui, on le sait désormais, n’en était pas à son coup d’essai. Lorde, elle, n’a pas eu à attendre si longtemps. Repérée à 12 ans lors d’un concours de jeunes talents, la néo-zélandaise signe chez Universal l’année suivante et enregistre ses premiers morceaux à 14 ans. Deux ans plus tard, elle a déjà un EP au compteur et un LP, Pure Heroine, prévu pour le 30 septembre. Et c’est aussi grâce à Youtube qu’elle se fait remarquer du plus grand nombre : mis en ligne en mai dernier, le clip de « Royals » culmine aujourd’hui à plus de onze millions de vues. À la différence de « Video Games », il est beaucoup plus chiadé et propret, mais tout aussi mélancolique. Lorde apparaît deux fois, apportant son swag tranquille et sa tignasse impressionnante. Il n’en faut pas plus pour que celle qui n’a pas encore 17 ans devienne la coqueluche de la blogosphère indie, et de sites plus généralistes comme Buzzfeed. Le 11 septembre, elle passe même au Grand Journal. Merci Internet.
Non, elle ne la joue pas bling-bling. Money, money, money, Lana n’a que ça sur ses lèvres si peu discrètement siliconées. « [He] likes to watch me in the glass room, bathroom, Chateau Marmont/Slipping on my red dress, putting on my make up/Glass room, perfume, cognac, lilac fumes/Says it feels like heaven to him », chantait-t-elle sur « ». Dans le clip de « », elle mène la grande vie auprès d’A$AP Rocky et forme un couple présidentiel bling-bling. « Money is the reason we exist », conclut-elle. De son côté, Lorde la plutôt petite fille sage. Dans « Royals », elle offre une ode à la vie de jeunes fauchés ascendant YOLO : « But everybody’s like/Crystal/Maybach/Diamonds on your timepiece/Jet planes/Islands/Tigers on a gold leash/We don’t care, we aren’t caught up in your love affair ». Même dans « », elle dit « préférer courir avec les d’jeunes dans le parc ». Une rebelle innocente, encore ado, on vous l’aura dit.
Non, c’est une fille de son époque. Pour Lana, l’Amérique des années 60 est un paradis perdu, doré et fantasmé. D’où sa récente participation à la bande-originale du film rétro-clinquant Gatsby Le Magnifique. Dans , elle abandonne le short en jean de Born To Die pour une somptueuse robe de gala, les cheveux crantés et l’eye-liner prononcé. En soi, « Young and Beautiful » est la chanson de crooneuse soucieuse de sa beauté fanant avec le temps qui passe. Ella Yelich-O’Connor, le petit nom de Lorde à la ville, n’est pas non plus exempte de tout pompage rétro. Elle a cette énergie électrique des années 90, un petit côté R&B désuet et ses longues robes noires moulantes ont un style grunge auquel Gwen Stefani n’aurait pas dit non en 1998. Mais justement, ce son porté par un beat lourd et hypnotique revient en force, à la croisée des chemins entre crédibilité indé et sonorités alt-R&B ou hip-hop. La production au millimètre assure tout de même une atmosphère sombre pile dans l’air du temps. Lorde marche plutôt sur les traces de Grimes et Ellie Goulding pour produire des pépites envoûtantes comme « Tennis Court » ou « The Love Club ».