Les Factory Floor sont-ils les jumeaux maléfiques de Disclosure ?

Non, tous deux sont lancés dans une opération recyclage. Les deux formations ont en commun un talent certain pour synthétiser leurs influences. La musique des Factory Floor expérimente ainsi autour d’éléments piochés dans une variété de genres allant de l’électro indus au post-punk, convoquant tout autant New Order que Throbbing Gristle, deux groupes pour lesquels ils se produisirent même en première partie. Tout comme leurs ainés, les Factory Floor mettent en branle des partitions répétitives jusqu’à en devenir hypnotiques. Tendance qui se confirme sur leur premier album, qui sort le 9 septembre mais qui est déjà dispo à l’écoute . De leur côté, les frères Lawrence, de Disclosure, sont allés chiner du côté de l’UK garage, de la house et de la musique dance en général. Une envie d’embrasser toute la musique populaire qui a récemment culminé avec à haute teneur en hip hop. Dans les deux cas, la réinterprétation aboutit à une musique aussi inventive que paradoxalement très familière.

Non, tous deux ont livré des albums de dance difficile à danser. Pour animer les foules, les Disclosure sont obligés d’ajouter basse, batterie électronique et percussions à leur live, histoire de donner un peu d’ampleur à des productions quand même bien resserrées. Il est vrai que leurs beats sur album, un peu secs et atones, ne tapent pas très fort. La raison ? Leurs chansons sont en fait des tubes pop en puissance, dissimulés sous des habits dance. Sans editing, leur musique peine à maintenir le public en rythme. Pareil du côté des Factory Floor qui, en live, en reviennent carrément au combo basse/batterie/chant boosté par des machines atteintes du syndrome de la Tourette. Même si le dernier single sorti chez DFA, « Two Differents Ways », annonçait un avenir un peu plus dansant, on s’imagine toujours mal passer leur nouveau disque dans une soirée d’appartement.

Oui, ils sont le Ying et le Yang de la rigolade. Alors que l’album de Disclosure évoque l’image fantasmée d’une rave party anglaise des nineties, son overdose de smileys et son horizon de pupilles dilatées, la musique des Factory Floor sent plus la mauvaise descente de fin de soirée, allongé sur le sol froid d’un hangar désaffecté. Pour les jeunots de Disclosure, l’important semble avoir été de rendre enfin respectable la dance music, que les auditeurs de NRJ comme les barbus de Pitchfork puissent y trouver leur compte. Au contraire, les Factory Floors font clairement dans le « clivant » et, pour faire encore plus peur au grand public, expérimentent même le regard d’outre-tombe à longueur de photos de presse. Des gens présentés comme cérébraux et en quête permanente de la texture sonore parfaite, du beat de trop… Bref, il ne nous viendrait pas à l’idée de leur demander leur avis sur le dernier Beyoncé. Résultat : leur très réussi premier album est aussi chaleureux que du Joy Division et on imagine que leurs concerts ne se transformeront pas en convention du free hug. Les Disclosure ont bien trouvé leurs jumeaux maléfiques.

Scroll to Top