Chroniques

The Virgins Strike Gently

La chose sort sur le label de Julian Casablancas, Cult Records. Pour une première signature, on imaginait quelque chose de plus culotté. De moins proche des Strokes, en fait. Certes, moins disco pop que son prédécesseur, Strike Gently ne s’embarrasse pas pour autant de fioritures. C’est mal produit, mais voyez, c’est fait exprès (enfin, sans doute). En tout cas, ça donne un cachet garage à l’ensemble : on croit souvent entendre de vulgaires démos, comme par exemple sur le single « Flashbacks, Memories And Dreams », qui n’est constitué que d’un refrain ou presque. Mais nous y reviendrons.

Dans une interview à Rolling Stone, Donald Cumming, chanteur et compositeur du quatuor, résume l’affaire : « Le premier album était conceptuel, nous voulions faire un album pop. Mais j’ai grandi, et je voulais désormais me concentrer sur des choses plus importantes ». La pop, un concept ? Bizarre. En attendant, si l’objectif était de gagner en maturité, c’est l’inverse qui se produit. Dix titres, c’est plus qu’il n’en faut pour raconter en boucle la même histoire. Des histoires de filles. Des histoires d’adolescents un peu mal dans leur peau. Groupe pour midinettes un jour… Restent quelques bons refrains : celui de « Flashbacks, Memories And Dreams » s’avère assez imparable. En deux temps, le groupe révèle un talent mélodique que l’on ne soupçonnait pas. C’est même fin et délicat, par moments. Et sans surprise, ça sonne 100% Strokes, ce qui ne devrait pas déplaire au patron du label. Ailleurs, on saluera « Figure On The Ice », la belle introduction qu’est « Prima Materia », et « Blue Rose Tatto », qui vient boucler l’affaire. Pour le reste, malgré quelques belles envolées dans le style 80’s (c’est dans l’air du temps), pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le quatuor a écouté Dire Straits et les solos grassouillets de Mark Knopfler. Si, sur un malentendu, ça peut peut-être fonctionner, au moins faut-il les recycler intelligemment. Ici, ça tombe comme un cheveu sur la soupe.

Tristement, ce n’est pas ce disque qui fera sortir les Virgins de la ligue 2 de la pop. Ils semblent toutefois s’y sentir à leur place, après avoir placé un morceau dans un épisode de Gossip Girl. Pas désagréable pour un sou, et même plutôt bien torché dans le genre. Reste une interrogation : pas manchots dans le domaine de la composition pop, pourquoi les Virgins se content-ils de si peu ? Pourquoi ne pas, comme les Strokes justement, élargir le champ des possibles ? Pourquoi, en clair, poser sur disque une chanson sitôt le gimmick accrocheur trouvé ? Par flemmardise, peut-être. Ou par manque de talent, tout simplement. Ce qui donne, au final, la note de l’ennui, et la pire qualification qui soit : Strike Gently est un album tout juste sympathoche.

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