Lorsque Getting Up, Going Down nous est tombé sur le coin du nez, il y avait quelque chose de (positivement) assommant dans le premier album des Sudden Death Of Stars. Ce septet formé du côté de Rennes en 2009 nous livrait alors quelque chose d’assez unique en France : une musique psychédélique qui pioche autant du côté des guitares du Brian Jonestown Massacre (« Two ») que du chant frêle, toujours sur la corde, de Syd Barrett (« Chilling Out At Set Time »). Le tout sans hésiter à étaler de longs motifs de sitar sur toute la durée d’un morceau (« »). En un seul album, les Sudden Death Of Stars se sont hissés au niveau de bon nombre de groupes de ce microcosme qu’est la scène rock psychédélique. Mais lorsque l’on vient de Rennes, difficile de partir sur un pied d’égalité avec des gars d’Austin. Et pourtant, cinq ans après leur formation, ils sortent leur second disque chez sur le label anglais Ample Play Records (qui avait également réédité leur premier album, aujourd’hui épuisé) et seront à l’affiche du Liverpool Psych Fest aux côtés d’une flopée de références du genre.
S’il est moins surprenant que son grand frère, ce deuxième album témoigne tout de même de la maturité engrangée par les rennais. Initialement tournés vers un son plus massif type Warlocks et Black Rebel Motorycle Club, ces derniers ont progressivement amené leur musique sur des versants plus aériens et mélodiques, façon Anton Newcombe. Sur ce nouveau disque au titre mystico-dark, All Unrevealed Parts Of The Unknown, ils semblent cette fois-ci avoir fait de cet arrière-plan pop le moteur principal de l’album : leurs compositions lorgnent plus que jamais du côté de la pop 60’s.
Ce parcours n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui d’autres petits français, les Feeling Of Love, qui avaient bardé leur Reward Your Grace de petits bijoux mélodiques (bien que ceux-ci partaient d’une esthétique qui différait totalement des SDOS). Les morceaux se sont raccourcis et pénètrent dans un cadre pop un poil plus consensuel. Résultat : leur sitar chéri est utilisé avec davantage de parcimonie. Malgré tout, leur musique n’a rien perdu de sa richesse : arrivé à la moitié de l’album, on se rend compte que le tout fourmille de morceaux accrocheurs (« The Void », « Inside Out » et « Pony Tails » notamment). On retrouve tout de même les artifices qui sublimaient le premier bébé de la bande, à commencer par ce sitar toujours aussi bien maîtrisé (« Bright Sunday »), soutenant une voix abyssale qui se fait plus rare (« Magical Mirror »), entrecoupé de cavalcades de guitares sorties de nulle part (« Blackboard »).
Habitués des pochettes magnifiques qui donnent bien plus envie d’acheter le vinyle que de télécharger le disque (cette fascinante turbine de centrale électrique sur celle de , bon sang), les Sudden Death Of Stars ornent ce nouveau disque d’un fond marin trouble. Mais c’est bien ce qui se cache derrière cette pochette qui nous intéresse le plus, puisque si avec All Unrevealed… les rennais s’installent pour de bon dans le haut du panier du rock psychédélique, ils n’en sont pas encore à laminer la concurrence. On a affaire à un album globalement meilleur que le premier, avec quelques morceaux qui tutoient l’imparable. Si les Sudden Death Of Stars sont aujourd’hui l’une de nos plus jolies exportations, ce n’est pas pour rien.