Chroniques

The Lovetones Provenance – Collected Works

Tout le monde a Tame Impala à la bouche ou dans un coin d’oreille aujourd’hui, d’autres vouent un culte à la musique pour mélo-minettes de Nick Cave et Michael Hutchence, quand les plus vieux, de leur côté, chérissent le temps où le rock d’AC-DC, « c’était quand même autre chose que ce qu’il y a aujourd’hui… ». Mais, exceptés quelques nerds de la pop psyché et la fanbase des Brian Jonestown Massacre, le nom The Lovetones n’évoque pas grand chose hors de chez eux (en Australie). Et ce malgré dix années de carrière, cinq albums, des tournées et tout le toutim. La presse locale, elle, n’avait pourtant pas pris de pincettes au moment de sortir son armada de comparaisons : le songwriting, dit-on, est au niveau de Ray Davies, John Lennon, David Bowie, etc… Pas vraiment Team Loser, l’armada.

D’une manière générale, chez DumDum, on préfère passer sous silence la sortie d’un best-of. Mais face à une injustice, les règles doivent parfois être contournées. Pour la bonne cause. Mais surtout parce que de l’autre côté du casque, ce groupe pourrait bien changer votre vie avec Provenance – Collected Works. Pour vous dresser un rapide tableau, sur les 17 morceaux présents ici, 7 sont de très bonnes chansons, et les 10 dernières auraient dû être des tubes pop-rock planétaires. Pourquoi ? Parce que le songwriting de Matt J. Tow est simple, élégant, accessible, catchy, direct. Rien de compliqué, ni de superflu. Le guitariste amateur pourra aisément ajouter « Wintertime In Hollywood » à sa technique de drague en soirée, sa rythmique à trois accords et ses paroles de lover (« It’s wintertime in Hollywood/But the seasons can’t change us ») vous montent à la tête aussi vite que du bon champagne. Il y a du Kinks et du Lennon, dans le songwritting des Lovetones, c’est vrai, dans le sens où les mélodies dépassent le concept même de « beauté » et qu’elles vous entraînent, qu’elles s’accrochent quelque part dans votre psyché sans jamais en sortir.
 
Aussi bien électrique (« The Sound And The Fury ») que plus raffiné (« Journeyman »), avec flûte et sitar, ce best-of est rempli de pop songs par excellence. Matt J. Tow maitrise le songwriting pop des 50 dernières années. Un vrai talent. On pense Byrds, Beatles (jetez une oreille à « Stars »), et même Oasis. Sur « Give It All I Can », Tow donne l’impression de se boucher légèrement le nez pour « canardiser » sa voix pour ressembler à Liam Gallagher, et parvient à créer l’une des meilleures chansons d’Oasis, non-composée par Oasis. Quant à « A New Low In Getting High », c’est du Brian Jonestown Massacre pur jus qui s’explique par la simple présence d’Anton Newcombe à l’écriture et au chant. Avec Provenance – Collected Works, The Lovetones bravent la fatalité, et se donnent la possibilité d’être reconnus, partout, à leur juste valeur, pour ne pas finir comme ces artistes dont on découvre le talent sur le tard et dont les enregistrements finissent sur une compil du genre « Australia’s ’00s pop scene ». Tiens, bonne idée de compile ça…
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