Chroniques

Laura Marling Once I Was An Eagle

Vu de chez nous, difficile de comprendre l’engouement que provoque Laura Marling chez les rosbeefs. C’est comme pour cette nana, là, Emeli Sandé. Ou même Biffy Clyro. Parfois, les british s’entichent de nouvelles icônes, sans qu’elles ne parviennent à franchir la courte distance qui les séparent de nos chastes oreilles. Laura Marling folke dans cette catégorie. Alors quand est annoncé la sortie d’un quatrième album, d’abord, on compte. « Ha oui, c’est vrai qu’en 2008, je me souviens que j’avais pas mal accroché. Jolies chansons, jolies voix… Sur scène c’était tristoune, mais il y avait un certain charme ». Donc ça c’était pour Alas, I Cannot Swim. Puis, en 2010, la suite : « C’est quoi déjà le titre ? Ha merde je me souviens plus. C’était cool ouais. De jolies chansons. Mais non, je ne suis pas allé là voir quand elle est passée en France ». 2010. I Speak Because I Can : un an après, déjà, le troisième. « J’ai survolé le dernier Laura Marling. En ce moment je réécoute plutôt Supertramp ». Et aujourd’hui donc, Once I Was An Eagle, nouvel effort de la belle, qu’on ne pourra pas critiquer pour son absentéisme ou son manque d’assiduité au travail.

On ne pourra pas non plus lui enlever ça : Laura sait écrire des chansons. Certes, à ses débuts, il s’agissait plutôt de minauderies folk plutôt crispantes, qui aujourd’hui sont devenues de véritables compositions. Il y a dans cette voix et dans ces mélodies bien plus de classe que n’en aura jamais une Florence ou La Roux (on tape au hasard dans ce que nous a pondu l’Angleterre récemment). Le problème, c’est que ces jolies choses ne sont rien d’autre, justement, que des jolies choses. Cet album, comme les précédents, s’entend plus qu’il ne s’écoute. Et pendant un certain temps. Oui, seize chansons, c’est beaucoup, et dans le cas présent, c’est beaucoup trop. Folk à pâquerette par moments (« Devil’s Resting Place », « Undine »), subtilement orchestré (« Breathe ») ou lorgnant carrément vers la soul (« Where Can I Go ? »), Once I Was An Eagle, certes, varie les plaisirs, et semble se situer au carrefour de diverses influences, de diverses époques, sans jamais faire de la nostalgie son fond de commerce. Sauf que, trop propret et (encore une fois), BIEN TROP LONG, il finit par lasser. Trop gentil. Trop mignon. On vous a déjà dit qu’il était trop long ?

Laura Marling souhaitait sans doute livrer ici LE disque. Celui qui la fera entrer au panthéon, dans la catégorie « Grandes Dames » aux côtés de Cat Power et PJ Harvey (toujours les mêmes, quand tu es une gonzesse, pas trop âgée et que tu chantes). Momentanément, l’espace de quelques titres, le charme agit. Once I Was An Eagle ne manque pas de jolies chansons, mais souffre de vouloir trop en faire, sans le faire vraiment. Vous êtes en 2013. La tendance est au single. On apprécie un artiste sur la foi de quelques titres. On consomme en shuffle, on aime en aléatoire. Et trop de Laura Marling tue Laura Marling.

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