Chroniques

Kylie Minogue Abbey Road Sessions

Il faudrait un jour explorer en profondeur le sujet Kylie Minogue. Ce personnage, qui ne cesse de renaître, encore et encore, qui un jour incarne à elle seule les 90’s ringards et le lendemain se refait la cerise à force de tubes joliment troussés (« nanana nananananana », anyone ?) et de clips en boucle sur MTV (merci Michou Gondry). Qui pendant un an ne donnera des news qu’à travers Voici , grâce à une relation avec un acteur français de seconde zone… avant de revenir claquer la bise à la première marche du podium.

Quoi qu’il en soit, retrouver l’icône en session aux fameux studios d’Abbey Road, histoire de réenregistrer ses propres classiques, qui plus est avec un orchestre, ça ne présente qu’un intérêt minime. Mais il ne suffit que de quelques secondes pour retourner le cœur des plus sceptiques : « All The Lovers », premier single de son dernier (et onzième, vous y croyez ça ?) album, ouvre le disque tout en minauderies ingénieuses et en section de cordes. Loin d’ajouter mollement un violon par ci, un tuba par là, l’australienne reprend à zéro, revisite près de trente années de carrière, sans rien omettre (on a même droit à sa version de « Locomotion », même si bon, on aurait pu s’en passer).

Souvent, c’est guimauve (« All The Lovers » donc, mais aussi « On A Night Like This ») mais toujours joliment guimauve (« Bette The Devil You Know », « I Believe In You »). C’est guimauve à s’en goinfrer. Pas vraiment un album de pop star, ces Abbey Road Sessions, plutôt celui d’une diva qui en a vu un paquet et qui n’a plus grand chose à gagner ou à perdre. Elle y dénude et retravaille les classiques, de « Come Into My World » jusque l’obligatoire « Can’t Get You Out Of My Head » où la mélodie de voix reste identique à l’originale mais se retrouve augmentée d’une section de cordes presque angoissante. Ce qui, de l’autre côté du casque, amène à repenser totalement cette chanson d’amoureuse transie. Tout du long, Minogue retire l’essentiel des morceaux, ce qui les rend instantanément reconnaissables. C’est l’orchestre qui les accompagne et les amène naturellement vers de nouveaux territoires. Mention spéciale à « When The Wild Roses Grow », chantée avec Nick Cave (il ne saurait en être autrement). Cette ballade est plus poignante et bouleversante, plus désossée et plus douce encore que l’originale, issue de l’album de Cave et ses Bad Seeds, Murder Ballads, sorti en 1996. On ne pensait pas le dire un jour : mais oui, sortir un album composé de vieux tubes réarrangés peut être signe de grande forme artistique.

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