Chroniques

Frankie & The Heartstrings The Days Run Away

Cette pop indé là se contextualise instinctivement dans un paysage d’arrêt de bus un peu morne. Mais malgré tout, elle semble indispensable à l’ADN de la musique anglais, comme une sorte de constante de l’industrie musicale nationale et le charbon principal pour faire turbiner les Carling Academy de tout le pays. Le plan de carrière, quand groupe anglais dans ce créneau tu es, s’apparente au cruel dilemme : « Vais-je tutuoyer les sommets du groupe culte genre The Smiths, Pulp ou même Belle & Sebastian, ou bien alors rester un modeste avatar de Shed Seven ou Kaizer Chiefs ? »

Frankie & The Heartstrings présente toutes les caractéristiques de l’emploi. Origines très populaires à Sunderland (patrie de Melody Nelson certes, mais dans le concret, morne voisine de Newcastle qui parle surtout aux amateurs des seconds couteaux de la Premier League de foot). Après le très diffusé «  » produit par Edwyn Collins en 2011, qui n’a pourtant pas laissé grand chose à la postérité, le groupe a décidé d’attaquer le deuxième album avec Bernard Butler aux manettes. Tonton Bernard qui a passé ses jeunes années à expérimenter les concepts de Johnny Marr et Mick Ronson au sein de Suede, s’est reconverti producteur à tout faire mais surtout de beaux arrangements autour de guitares carillonnantes.

Il a dû voir arriver Frankie et ses Heartstrings d’un bon œil, le gars Bernie. F&H est un groupe travailleur (leurs concerts sont toujours particulièrement euphorisants) et très calé en terme de songwriting. Le hic, comme souvent, c’est ce manque de tranchant dans le propos, ce manque de charisme, ce manque de folie géniale tout simplement, que l’on cherche souvent vu l’enthousiasme et la débauche d’énergie du groupe.

À l’écoute, « The Days Run Away » sonne extrêmement attendu et déjà entendu. On y retrouve plusieurs bonnes compositions, notamment « Scratches » ou « Nothing Our Way », sorte de B.O idéale d’un voyagee en train avec la Northern Rail. Les arrangements sont enchanteurs, les mélodies délicieuses, même si l’exhubérance du premier album s’est diluée dans une attitude plus mature. Mais ça et là, on soupire en écoutant des platitudes du genre « Every time I think of you it makes me cry/I never had the chance to say goodbye ». On préfère globalement les choix d’Edwyn Collins à ceux de Bernard Butler qui brille en fait surtout sur les ballades qui rappellent The Coral comme « Losing A Friend » ou « Light That Breaks ». Cet album est décevant, il ne bouscule rien et n’affirme pas grand chose. En revanche, si vous cherchez des bribes de l’éternelle Angleterre working class étudiante, en voici une aussi honnête qu’une floppée d’autres.

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