Frank Carter est un mec à part. Un type capable de saborder son groupe, Gallows, aux portes du succès de masse. Un gars qui décide de mettre fin à l’aventure hardcore Pure Love quand il décide de partir de New York pour revenir vivre à Londres. Bref, Carter n’est pas homme à se laisser dicter sa conduite, mais plutôt un chien fou lâché dans le grand cirque du rock’n’roll.
Désormais accompagné de ses trois Rattlesnakes, le chanteur tatoué poursuit sur sa lancée. Blossom, par bien des aspects, ressemble à la carrière passée de Carter. Les mêmes guitares, la même rage, les mêmes mélodies expéditives. Et pourtant, on y revient, toujours. Quand son nom réapparaît dans l’actualité, on est curieux. Blossom, sorti au beau milieu de l’été, n’échappe pas à la règle. Et on se régale. Tout d’abord parce qu’il s’agit là du meilleur hommage aux Cramps de 2015 (toujours une bonne raison d’écouter un disque). Mais aussi parce qu’au-delà de la musique, cette fureur de vivre nous place au premier rang d’un show dangereux qu’il nous ait rarement donné de voir. Quand tout est aseptisé, marketé, contrôlé, quand rien ne dépasse, Frank Carter est là pour foutre le bordel. De loin le plus accessible de ses albums, ces dix titres semblent pourtant par moment marquer un apaisement. Apaisement tout relatif quand la “ballade” de l’album s’appelle “I Hate You”. Mais partout, la mort, thème récurrent, rode (“Beautiful Death”).
Album punk un peu crétin (comme devrait toujours l’être le punk), Blossom est un uppercut dont on se remet, malgré la violence du propos, assez vite. Comme la vie de Carter, qui défile à toute vitesse, on s’en prend plein la gueule, on passe à autre chose. Jetable ? Non. Immédiat.