Chroniques

Foals Holy Fire

Au début, il n’y avait pas grand chose. Rien qu’une bande de potes d’Oxford excitant la hype avant même la sortie de leur premier album, grâce à la mention « entendu dans la série Skins ». Mais c’est l’album Antidotes qui mettra tout le monde d’accord. Malgré deux grands singles (« Cassius » et « Balloons »), cet album ne contenait finalement qu’une poignée de riffs peu inspirés. Mais il n’en fallait pas plus pour populariser le concept totalement improbable de « math-rock ». Et pour vous éviter le voyage vers Wikipedia, vous y apprendrez que « le terme de math rock est appliqué à certaines formes de rock expérimental qui ont émergé vers la fin des années 1980 et dont la principale caractéristique est la complexité des rythmes ainsi que de l’enchaînement et la mise en place des riffs/mélodies, souvent dissonants ». Sachez aussi que l’un des meilleurs groupes français du moment s’appelle et se revendique de cette mouvance, mais c’est encore une autre histoire.

Puis il fallut transformer l’essai. Et pour cela, rien de mieux que de jouer la carte de l’élégance. Non, la bande à Philippakis ne sait pas que faire danser, elle veut aussi émouvoir, c’était un peu le leitmotiv de Total Life Forever, où l’énergie s’efface au profit de morceaux plus posés. Beau ou chiant ? C’est selon. Et rebelote sur ce nouvel album : s’il est globalement bon, il ne l’est pas autant que chacun semble aussi facilement enclin à le penser. Il y a quelques semaines, « Inhaler », premier single, était lâché en éclaireur. Puisqu’il s’agit de math rock, on pourrait résumer les choses ainsi : passion + excitation > raison. Franchement, ces cinq minutes rappelant les heures les plus sombres de l’histoire de la musique (le nu-métal et les clips avec des baggy), il fallait avoir la foi pour les défendre. Bonne nouvelle : Holy Fire ne se résume pas à ça. Enfin, pas seulement. 

Mélancolique souvent, touchant parfois, Philippakis vise enfin juste dans ses textes. Il y aussi, c’est le minimum, un putain de single en la personne de « My Number ». Par contre, prudence, ne pas confondre avec « Everytime », plus loin sur le disque, tant on jurerait qu’il s’agit une version démo du morceau sus-nommé. Ne pas confondre non plus « Providence » avec la jam-session embarrassante de votre cousin apprenti-gratteux. Enfin, pour terminer sur les mauvais points, les plus célibataires pourront célébrer la Sans-Valentin avec « Stepson », balade ratée dans les grandes largeurs. Le reste, sinon, ne manque pas de gueule et de classe. Reste que Holy Fire n’est jamais à la hauteur d’un statut récemment acquis. Foals fait du Foals, en respectant mollement le cahier des charges, fait de petits riffs tranchants délivrés avec une agressivité toute contrôlée. Pour sortir de cette ambiance lourdingue, revoyons plutôt la , avec les Village People. Ce n’est que de l’entertainment. Pas de quoi faire des petits poneys les nouvelles stars d’un rock qui n’avait rien demandé.

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