Chroniques

BRNS Wounded

L’histoire est d’un classicisme absolu : des potes se rencontrent et décident de faire un bout de chemin ensemble. Rapidement, ils finissent par s’ennuyer. Donc, plutôt que de se droguer devant des vidéos de skateboard, ils décident de fonder un groupe. Le truc ne ressemble pas à grand-chose au début. Antoine Meersseman, bassiste de BRNS : « Franchement, on ne savait pas trop ce qu’on voulait faire. On jouait, c’est tout. Puis, en 2011, on a posté quelques chansons sur le web, trois titres seulement. Et c’est à partir de là que les choses ont commencé à s’accélérer ». Ces titres se nomment « Mexico », « Here Dead He Lies » et « Clairvoyant ». Ces trois petites pépites figurent sur Wounded, petit album sorti l’an dernier qui parait enfin « officiellement » chez nous, ce qui nous donne l’occasion d’en reparler.

Alors qu’ils s’appelait encore Brains et se gavait de films de zombies, le quatuor imaginait-il avoir l’étoffe des plus grands ? Sans doute que non. Dès « Clairvoyant », qui ouvre le disque, difficile de le dire autrement : on se sent bien, à l’écoute de ces morceaux. Des bruits indistincts, une cymbale martelée, puis quelques lignes de basses viennent poser l’ambiance. Certains parlent de Wu Lyf : on rappellera l’absence totale et patente de talent de ces anglais (ce qui constitue une différence notable entre eux et nos belges). La même intensité ? Non, ça va plus loin que ça. Les voix se mélangent, créent une chorale, une alchimie, une berceuse. « Deathbed », en revanche, impose un ton plus menaçant. Mais c’est pour mieux laisser pénétrer la lumière le temps d’un refrain. Avec, toujours, ce chant déconstruit, saccadé, saisissant.

Réussir à crier sans avoir l’air d’un abruti, ce n’est pas donné à tout le monde. Un bon cri doit retourner l’auditeur, lui donner envie d’en faire autant. Il ne s’agit pas d’en faire à chaque couplet, au risque d’être lourdingue (Dave Grohl sur scène). Un bon cri donne des frissons. Et surtout, un bon cri est indissociable d’une bonne mélodie, ce qui nous amène à « Mexico » : il s’agit du tube de BRNS et, encore une fois, de l’un des plus beaux cris de 2012. S’il y avait une bonne raison de se lancer dans l’écoute de ce disque, « Mexico » est une merveille à tous points de vue.

Sept titres donc, c’est peu. Mais déjà beaucoup, quand on fait le calcul. Sur les dix derniers disques que vous avez écouté, combien de ratés, de banalités ? Ici, certes, il n’y a que sept chansons.Dans la deuxième partie du disque, BRNS impose un style, une force. Quelque chose de solide, quelque chose de durable. BRNS nous pousse parfois jusqu’à nos limites (« The Story Of The Bible », aussi noir que son titre le laisse imaginer, à la limite du malsain). Mais la lumière est au bout du tunnel, et « Our Light », s’il clôt l’album, ce morceau est plus qu’un point final : dans toute sa grandiloquence, ce refrain ouvre la porte à une suite. Qu’on imagine aussi casse-gueule qu’excitante. La musique de BRNS prend aux tripes, mais invite aussi au voyage. Un truc cérébral, pas loin de vous bouffer le cerveau. Et de vous laisser hagard.

Scroll to Top