De prime abord, les quatre filles de Pins présentent tout ce que l’on aime chez les musiciens de Manchester : cette intensité sombre, ce caractère frontal et physique, ce côté vintage, cette poésie mélancolique (« La plupart du temps, je me sens mal, comme si je n’étais personne. Je suis totalement perdu, je veux que tout s’arrête », entonnent-elles sur « If Only ») et puis cette faculté à dépasser toutes ses influences – Vivian Girls, mais aussi Siouxsie And The Banshees ou Sleater-Kinney – pour créer son propre style et développer un univers singulier.
En résulte Wild Nights, un deuxième album au rythme frénétique, porté par une section basse-batterie très solide et claquante, par des guitares aiguisées et par le chant de Faith Holgate, dont la voix débite des textes « comme de la lave chaude d’un volcan en irruption ». Plus amples, plus noisy-pop et moins rêches que leurs précédentes productions – le séduisant EP LUVU4LYF, l’inégal mais captivant LP Girls Like Us –, ces onze nouveaux titres, bouillon stimulant d’hymnes granuleux enregistrés dans le désert de Joshua Tree aux côtés de Dave Catching (Eagles Of Death Metal), ne relâchent que très rarement le tempo et oscillent entre post-punk, rock furibond, pop apaisée (« Got It Bad ») et chœurs juvéniles (« Curse These Dreams »).
Tout est dans le titre, après tout. Faith Holgate et ses comparses nous promettent des « nuits sauvages » et elles ne trahissent pas d’un iota leur ligne de conduite. De l’impérial « Baby Bhangs » au romantique « Young Girls » et sa mélodie accrocheuse (« Que ferons-nous quand nos rêves deviendront réalité ? »), de la rythmique martiale de « Oh Lord » aux tubesques « Dazed By You » et « Too Little Too Late », Wild Nights, malgré ses défauts (le monomaniaque « House Of Love », notamment), saisit avec fougue. Avant de basculer, sur l’ultime « Everyone Says », dans une mélodie au chant languide et à la poésie désinvolte.