Rafraîchissons la mémoire collective : !!! (pour les profanes, on prononce ça « tchik tchik tchik ») a toujours été un groupe à part dans l’industrie musicale. D’abord parce qu’ils jouent ce que l’on pourrait définir par « disco-punk » (et qu’ils étaient les premiers). Mais aussi parce que, plus forts que leurs albums, ce sont leurs prestations scéniques qui ont fait leur réputation, loin d’être usurpée. Voir le groupe le moins googlable du monde en live, c’est se prendre une immense baffe en travers de la gueule, une déflagration qui connait aujourd’hui peu d’équivalents.
Leurs premières productions studio tenaient parfaitement la comparaison et servaient de belles introductions à leurs shows, Myth Takes (2007) constituant à ce jour le sommet de leur discographie. Tout avait bien commencé, donc. Mais cette récréation ne pouvait durer éternellement.
C’est un coup du sort qui va bouleverser le visage du collectif de New-York et Sacramento. Le 8 novembre 2009, Jerry Fuchs, le batteur, trouve la mort en essayant de s’extirper d’un ascenseur en panne. Darwinawardesque, la perte du bonhomme va fort malheureusement influer sur la musique du groupe. Dès le très moyen Strange Weather, Isn’t It ? (2010), la batterie laisse majoritairement sa place à des beats plus ou moins efficaces, pour ce qui constitue alors une déception. Mais après tout, un album moyen, ça peut arriver à n’importe quel groupe. Rien d’inquiétant jusqu’à ce qu’arrive à nos oreilles son successeur.
Quand on lance le disque, on respire un grand coup : le single « Even When The Water’s Cold » est diablement efficace avec son intro aussi simple que jouissive, son refrain chanté en chœur et son gimmick 80’s sympa et mignon. La troupe de Nic Offer fait ensuite péter la collab’ avec Jas Shaw de Simian Mobile Disco. Bam ! Meilleur morceau du disque, parfait, y compris la partie de sax’. Le groupe aurait finalement réussi son deuil, dépassé la perte pour trouver une nouvelle voie ? L’insurrection musicale est là, mais c’est à la catastrophe qu’elle mène. Tout le reste est kitsch sans être fun.
!!! oublie de composer des mélodies, tandis que la moitié « disco » a manifestement pris le pas sur le « punk ». Si l’on peut dire d’une personne qu’elle est « bête comme ses pieds », le groupe surestime la bêtise hypothétique de nos petits petons. La bougeotte nous quitte, on reste simplement pantois devant tant de médiocrité, de sous-dance 90’s (on croirait presque entendre du Corona sur l’atroce refrain de « One Girl / One Boy »), de rock foireux (le dégueulassement branleur « Californiyeah » et son intro digne de Jacques Villeret in La soupe aux choux). La créativité du groupe période « » n’est plus, comme évaporée dans un accident d’ascenseur. Entre pop, funk et électro, le groupe choisit de ne pas choisir, ou de ne retenir que le pire de ce qui se fait actuellement. On n’aurait jamais pensé que la perte d’un batteur pouvait à ce point bouleverser un groupe, un collectif aussi bien huilé que celui-ci. Mal nous en a pris. Pour la peine, nous proposons au groupe de changer de nom. Laissez tomber le « !!! », les gars, vous ne valez plus qu’un « … ».