Anthologie des meilleures BO de films porno vintage


04/02/2013 /

Adrien Toffolet

#15
Debbie Does Dallas – Debbie Does Dallas Theme
Exemple parfait de ce qu’on appelle le « porno groove » : rythmique funk, tempo pas trop rapide et utilisation excessive de la pédale wah-wah. Durant toute la période des années 70 -l’âge d’or du porno américain dit-on, c’est le son qui accompagnait le plus souvent les ébats des pom-pom girls et ménagères frustrées à la pilosité aussi rétro que leur musique. « Debbie Does Dallas » a été un véritable succès commercial, au cinéma en 1978, comme plus tard en VHS. En 2001, une comédie musicale a même été montée à New York, mais avec l’histoire délestée des scènes de sexe. Broadway oblige…
#14
Playgirl ’70 – Party Music
Le compositeur de cette musique n’était pas n’importe qui : Piero Piccioni. Les cinéphiles le connaissent, car il a composé la bande originale de nombreuses productions signées des maîtres italiens Bertolucci, Visconti ou encore Rosselini. Les amateurs de vieux films érotiques italiens, eux, n’ignorent pas ses autres travaux, d’une délicatesse absolue, comme avec ce Playgirl ’70 en 1969, mais aussi, pour ne citer qu’eux, Camille 2000 ou Appassionata.
#13
Dedicato Al Mare Egeo – Cavallina A Cavallo
Commençons par diviser les foules : celui qui a composé ceci est l’un des deux grands génies de la musique du 20ème siècle, et comme ce n’est pas Frank Zappa, ce ne peut être qu’Ennio Morricone. Oui, le célèbre compositeur italien s’est frotté à la musique de films érotiques à quelques occasions, notamment pour ce Retour à la mer Egée de Masuo Ikeda en 1979. Certes, on est loin de la grandeur du Clan des Siciliens ou Le Bon, La Brute et le Truand, mais ce genre de cinéma à lui aussi eu droit à ses grandes compositions.
#12
The Devil In Miss Jones – I’m Comin’ Home
À l’origine, Gerard Damiano (réalisateur de « Gorge Profonde ») voulait utiliser pour ce « classique » de 1973 un morceau très précis pour sa scène d’intro : « Bridge Over Troubled Water » de Simon And Garfunkel. Refus des intéressés pour des raisons que l’on devine facilement. Au lieu de ça, il a eu la bonne idée de confier l’ensemble de la bande originale au compositeur Alden Shuman. Loin du porno groove, la musique de The Devil In Miss Jones est une orchestration classe et raffinée basée sur un gimmick de quelques notes de piano. Il paraît que les deux tiers du budget du films sont passés dans la composition de la musique. On comprend pourquoi.
#11
Laura, les ombres de l’été – Le Ballet
1979. Patrick Juvet est une star internationale (sic). Ses étrons disco « Où sont les femmes ? » et « I Love America » font danser les pattes d’eph à paillettes et les leggings à froufrous fluo. Quand David Hamilton, meilleur photographe que réalisateur, lui propose de composer la BO de son drame érotique Laure, les ombres de l’été, il dit oui et abandonne un temps le disco. Avec piano et synthétiseurs, on est ici plus proche de Jean-Michel Jarre que de Boney M. Cette BO -la seule de sa carrière, est de loin la chose la moins scandaleuse qu’il ait réalisé. Dommage pour lui.
#10
Sex O Rama – Venus
On ne sait absolument rien de cette petite pépite qui proviendrait d’une BO, si ce n’est qu’elle vient d’un vinyle intitulé « Sex O Rama », publié en 1970 et composée par un certain Couroyer et Armand Migiani (aussi « connu » sous le nom Billy’s Sax). On reconnaît bien sûr en version instrumentale « Venus » de Shocking Blue, présente aux côtés d’autres reprises comme « Je t’aime, moi non plus ». Si quelqu’un en sait plus : [email protected]
#9
Deep Throat – Love Is Strange
Impossible de passer à côté de la BO de ce film, sa musique devrait être autant connue que son titre si explicite. Entrecoupée d’extraits de dialogues, la bande originale comprend quelques beaux morceaux et surtout des reprises assez étonnantes. À commencer par l’ « Hymne à la joie » de la 9ème Symphonie de Beethoven (non présente sur l’album), en version jazz funk assez amusante. Et puis, la plus réussie de toutes, entre funk et psyché, « Love Is Strange », reprise de Mickey & Sylvia avec les paroles légèrement modifiées pour s’adapter à la circonstance : « Love is strange/Lot of people take it for a game » qui devient ici « Love is strange/Lot of people take it in the mouth ». Classe !
#8
Goodbye, Emmanuelle – Goodbye Emmanuelle
Pour ce 3ème volet du film érotique le plus célèbre de France, après Pierre Bachelet puis Francis Lai (qui ?), c’est au tour de Serge Gainsbourg de signer la bande originale en 1977. Neuf morceaux, avec 8 instrumentaux dont l’écoute s’avère négligeable. Mais sur « Goodbye Emmanuelle », Gainsbourg applique sa formule bien rodée des paroles aux jeux de mots à connotations sexuelles : « Emmanuelle aime les caresses buccales et manuelles/Emmanuelle aime les intellectuels et les manuels ». En clair, du Gainsbourg de l’époque, pur jus. À noter que si le 45 tours a été mis en vente en Europe, le 33 tours a uniquement été distribué au Japon et à Hong Kong et s’échange à prix d’or aujourd’hui sur le net.
#7
Mädchen, die nach München kommen – Sexy Girl
Traduisez « Les filles qui viennent à Munich » (Cf. Google Traduction). Ce film érotique allemand fait partie de la série des Schulmädchen Report, en clair, des histoires d’étudiantes coquines. À la braguette, Gert Wilden & Orchestra, maestro auteur d’un sacré paquet d’excellentes BO du même genre, rassemblées sur la compilation Schulmädchen Report & Other Music From Sexy German Films (1968-1972). Si les compositions de Gert Wilden n’incitent pas à envahir la Pologne comme celles de son compatriote Richard Wagner, étrangement, elles ne donnent pas non plus envie de faire l’amour, et ce malgré le charme des « na-na-na-naaaaaaa » chantés par une voix féminine suave sur énormément de ses morceaux.
#6
Cinderella – Do It
Nous, profanes que nous sommes en matière de films de ce genre, on n’imaginait pas tomber sur un ovni pareil : la comédie musicale « Cendrillon version érotique » de 1977. Autant vous dire qu’au niveau sexe, vous allez être déçus. Par contre, il est clair que vous allez rigoler du début à la fin tant le truc est ahurissant. À titre d’exemple, le personnage de la bonne fée est loin de ressembler à celui du conte : ici, elle est incarnée par un grand black homo. La musique est certes une disco assez basique, mais il faut voir les images pour en apprécier toute la saveur.
#5
Madame Claude – Yesterday Yes A Day
Il faut l’admettre, Gainsbourg a eu autant de talent en composant ses chansons qu’en composant les bandes originales de différents films, érotiques ou non. Parmi ses plus belles créations musicales pour le cinéma, on peut citer « Cannabis », « Ballade de Johnny Jane » et cette « Yesterday Yes A Day » pour le film érotique Madame Claude, chantée en anglais par Jane Birkin, avec toute la délicatesse qu’on lui connaît. Tout simplement sublime.
#4
Le Mariage Collectif – Sexopolis
Ce classique parmi les classiques aurait pu ne jamais refaire surface. En juillet 2010, un curieux tombe sur l’acétate de la BO du film, dépassant d’un carton destiné à la décharge. Fort heureusement, la galette arrive dans les mains de Jean-Baptiste Guillot du label Born Bad Records qui prend la belle initiative de tout publier. Jamais pressé en vinyle à cause du flop du film en 1971, la BO complète permet révéler aujourd’hui tout le talent de son créateur, Jean-Pierre Mirouze, auteur des plus beaux grooves psychédéliques à la française.
#3
Pornosonic – Dirty Pimp (Cum Lin’s Theme)
Si l’on en croit ses géniteurs, le musicien Don Argott et le célèbre acteur X Ron Jeremy, Pornosonic serait un groupe de l’ombre des années 70. Un groupe de session men qui auraient pondu les meilleures BO des seventies et qui, pour ne pas être grillés dans la profession, auraient insisté pour ne jamais être crédités sous leur véritable nom. En vrai, Pornosonic est une parodie. Mais une parodie de porno groove tellement proche de la réalité qu’elle en est excellente. Wah-wah, basse funky, flûte, tout y est. Ils sont même allés imaginer les titres des faux films dont les morceaux seraient issus (« Cramming For College », « Spiderpussy ») et insérer de faux extraits de dialogues totalement clichés. « Toc toc… C’est le plombier… »
#2
Vampyros Lesbos – Droge CX9
Jess Franco est un type très malin : en 1971, il a eu l’idée de profiter du potentiel sexuel des histoires de vampires pour mélanger le film d’horreur et le film érotique. Pour illustrer cette histoire de lesbiennes aux canines pointues, Franco est allé piocher dans deux compilations qu’il a commandé aux compositeurs allemands Manfred Hübler et Siegfried Schwab en 1969 et 1970  : Psychedelic Dance Party et Sexedelic. Cuivres, orgue, guitares fuzz et même sitar et glockenspiel parfois, cette BO est un pur concentré de jazz acide et de pop psychédélique. Une pépite.
#1
Deep Throat Part II – Deeper And Deeper
« Deep, deeper and deeper/Inside you my love grows ». À première vue, on pourrait dire que c’est une chanson totalement vulgaire. Elle est au contraire, malgré le langage, d’une classe folle. Ambiance délicate, solo de trompette jazzy, piano discret et la voix soul de T.J. Stone (inconnu qui le restera), ce chef d’œuvre soul accompagne le sequel érotique du film pornographique le plus célèbre des années 70. Mais en vrai, la chanson est tellement belle en elle-même qu’elle se détache du film et trouve une existence loin des clichés du stupre cinématographique.

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