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Dour Festival 2014 : le pire et le meilleur
Le Dour Festival version 2014 était le théâtre, quatre jours durant, d'un télescopage des genres musicaux les plus divers : du dub au rock, des musiques électroniques au hip-hop, difficile parfois de faire un choix. Retour sur quelques instants de fièvre intense.
29/07/2014 / Maxime Delcourt
#14
Les ratés de la programmation
Comme tout gros festivals, Dour propose également ses têtes d’affiches un tantinet gênantes. Kaiser Chiefs, Dub Inc, Admiral T., Skip The Use ou encore Within Temptation (du métal symphonique, imaginez le truc !) font ainsi partie de la liste des groupes que l’on a préféré éviter durant ces quatre jours et que l'on évacue rapidement. De même, l’on ne reviendra pas ci-dessous sur les concerts de Cypress Hill, Klaxons, Maxïmo Park ou The Hives tant ils sont autant d'exemples d’une certaine forme de régression artistique.
#13
La bière de Jeff Mills
Jeudi soir, on était heureux et confiants : après avoir bougé du popotin sur Mac Miller et Baauer, on se disait que la soirée allait prendre définitivement son envol avec le set du pionnier Jeff Mills. Pas de bol, le DJ de Détroit remballe son matos au bout d’une vingtaine de minutes à cause d’une bière lancée par un spectateur sur ses machines. La lose.
#12
Le Terril
C’était l’attraction de cette 26ème édition : installée sur les hauteurs de la Plaine de la Machine à Feu, cette nouvelle scène se veut être une zone d’art pluridisciplinaire. De mercredi soir à samedi soir, des graffeurs ont ainsi côtoyé des coiffeurs, des activités sensorielles sont venues animer les performances des multiples DJ présents sur scène. Boarf.
#11
Cerebral Ballzy
Quand Cerebral Ballzy débarque sur la Cannibal Stage (scène dédiée essentiellement au métal), beaucoup de spectateurs se sont faits la même réflexion : qui sont ces jeunes poseurs aux guitares bien crades ? Eux, ce sont cinq branleurs de Brooklyn récemment signés sur le label de Julian Casablancas s’apprêtant à faire cracher leurs guitares fatalement cool sur des mélodies qui transpirent le béguin pour les brûlots punk de Black Flag et des Beastie Boys. Cela dit, aller droit au but (leurs morceaux dépassent rarement les 120 secondes) n’est pas toujours gage de qualité et, sous une chaleur à crever, leurs titres se révèlent plutôt difficiles à encaisser.
#10
De la bonne came locale
Chaque année, le Dour Festival est aussi l’occasion d’aller voir ce qu’il se passe du côté du plat pays. Si l’excellence des Girls In Hawaii n’est plus à démontrer, c’est avec le sourcil levé que l’on assiste au rap égotripé du collectif L’Or Du Commun, au vague à l’âme pop de My Little Cheap Dictaphone, au folk boisé de The Feather, aux rêveries doucement psychédéliques de Moaning Cities ou encore à la pop garage de Mountain Bike. Ces derniers, en débarquant en caleçon avec différents t-shirts de la NBA, ont même réussi l’exploit d’être le groupe le mieux looké du festival.
#9
Des nuits électroniques
Trop souvent, les festivals résument leur programmation électronique à quelques gros noms. Si Dour ne déroge pas à la règle (Paul Kalkbrenner, A-Trak, Boys Noize, Mr.Oizo, Bordinski étaient notamment présents), l'orga a au moins le mérite d’aller défricher les nouvelles tendances, de mettre en avant des DJ un poil plus audacieux. D’Acid Arab à Buraka Som Sistema, de Moodyman à Stwo (dont le contrôleur a pété en plein concert), d’Hudson Mohawke à John Talabot, en passant par Tale Of Us, Addison Groove, Mount Kimbie, Machinedrum, The Gaslamp Killer et Blawan (on en oublie), ça partait dans tous les sens.
#8
L’ambiance sombre de Forest Swords
Etrange concert que celui de Forest Swords, à la fois conforme à ce qu’on peut attendre du duo Liverpuldien – c’est-à-dire une traduction du langage r’n’b dans les rythmes hypnotiques et chaotiques des musiques électroniques -, et néanmoins capable de nous surprendre constamment. Entre une ligne de basse déstructurée et des boucles planantes, entre des visuels glauques et une atmosphère sombre, c’est avec une certaine aisance et une certaine idée du courage (de telles expérimentations sous un chapiteau à 45° peuvent s’avérer lourdingues) que Forest Swords a défendu l’esthétique de l’excellent label Tri Angle Records.
#7
Des bifles, de la sensualité et Chet Faker
Dour, c’est un peut l’art des contrastes. Jeudi après-midi, par exemple, alors que l’on vient de voir une bande de potes se bifler mutuellement les fesses, Chef Faker fait son entrée sur la Dance Hall. Et avec lui, le sexe se veut langoureux, languide, et surtout pas vulgaire. On pense notamment à ce moment où il interprète le fabuleux « Cigarettes And Chocolate » avant d’entamer une dizaine de minutes plus tard le fameux « No Diggity » des Blackstreet. James Blake et Sohn (programmé une heure plus tôt sur la scène de La Petite Maison Dans La Prairie) peuvent donc aller larmoyer ailleurs : c’est désormais à ce grand barbu que l’on envoie des bisous soufflés dans un cœur.
#6
Le génie incompris de The Notwist
Produire l’un des meilleurs albums de cette première moitié d’année est une chose, réussir à lui donner vie en live en est une autre. C’est le pari qu’ont réussi les Bavarois de The Notwist, qui surclassent une fois de plus tous leurs petits collègues de l’indie-rock également présents lors du festival. Et pour cause : qu’il s’agisse de Traams (sans doute programmé trop tôt), de Blonde Redhead (à la setlist envoûtante mais quelque peu linéaire), de Future Islands, de Mogwai ou encore, dans un style tout autre, de Cheveu, aucun d’entre eux n’atteint la subtilité de la pop électronique de The Notwist. Et ce même si le public a déserté leur performance.
#5
Jagwar Ma, la transe réfléchie
Jagwar Ma, c’est un peu comme ces lycéens qui, avant un examen, vous jurent qu’ils n’ont pas révisé, qu’ils vont se planter lamentablement et qui, lorsque le prof' rend les copies, repartent avec un 18. Mieux vaut donc ne pas se fier à leur look de branleur version Madchester, ni à leurs mélodies parfaitement imparfaites : Jono Ma et Gabriel Winterfield sont des jeunes hommes très instruits (sinon, comment mêler autant d’influences dans un même morceau ?) et appliqués, même lorsqu’il s’agit de mettre en son des rythmes aussi transcendants que ceux de « Come Save Me ».
#4
L’architecture sonore de Rone
Soyons clairs : Rone n’est pas de ceux qui invitent la dissonance ou la distorsion à maltraiter les musiques électroniques. Rone, c’est plutôt ce gars au look d’intello qui pense chaque note, chaque beat et retravaille toutes ses mélodies pour livrer une performance hautement travaillée et réfléchie. Comme cette façon d’introduire « Parade » dès les premières minutes du set pour mieux y revenir lors d’un final aussi euphorisant que percutant.
#3
La beauté de Darkside
Un concert de Darkside, et celui-ci plus encore que les précédents, c’est avant tout une expérience à vivre. Une immersion dans un paysage électrique et envoûtant qui prend en charge les émotions, les vibrations sonores et visuelles, et finit par brouiller les frontières entre le réel et l’irréel. De bout en bout, Nicolas Jaar et Dave Harrington diffusent ainsi, dans un set très assumé, un vigoureux cocktail d’électro Psychic et de boucles bluesy, qu’on boit cul sec, non sans déraison.
#2
Hip-Hop hooray !
Joey Bada$$, Mac Miller, Raekwon, Madlib, Nas, Tyler, The Creator (qui a toutefois raté son avion), The Underarchievers, Cypress Hill ou encore Disiz, L’Entourage et Joke : la programmation hip-hop était cette année encore d’une classe absolue. D’autant que, hormis Cypress Hill et Mac Miller, tous ont livré des performances de haute tenue. Et plus particulièrement Madlib et Joey Bada$$ qui, dans des styles totalement opposés, ont confirmé une inévitable sentence : au sein d’une époque où les concerts de rock ne suscitent plus dans leur grande majorité que statisme et révérence, il n’y a bien que le hip-hop pour remettre un peu de désordre et d’impertinence dans cet exercice désormais conventionné. Le MC de New-York a même réussi l’exploit de faire monter deux groupies sur scène avant de les emmener en backstage. Prends ça, rock'n'roll.
#1
Nas, le retour du roi
Bien plus que Phoenix, Détroit ou Bonobo, l’événement de cette 26ème édition était sans aucun doute la venue de Nas. Bien plus que Phoenix, Détroit ou Bonobo encore une fois, le MC de Queensbridge a justifié sa supériorité et l’attente du public : présent pour interpréter l'intégralité de son cultissime Illmatic, Nas fait bien plus que tenter de ranimer ce qui a survécu de la verve insolente et poétique de ses jeunes années. Il démontre avec force et talent que « N.Y. State Of Mind » (rebaptisé pour l’occasion « Belgium State Of Mind »), « The Word Is Yours », « Life’s A Bitch » ou encore « If Ain’t Hard To Tell » restent d’une absolue perfection. Il en profite également pour placer ça et là ses différents singles (« I Can », « If I Rule The Word », « Hate Me Now »), comme pour mieux définitivement reconquérir le trône du rap game.
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