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Pain-Noir: “Je me suis fait à l’idée que je ne serai jamais Rivers Cuomo”

Il se fait appeler Paint-Noir et son premier album sort aujourd’hui sur le label Tomboy Lab. Anciennement St. Augustine, l’artiste se réinvente à chaque note, et c’est bouleversant. Rencontre.
23/10/2015 / Nico Prat

Qui es-tu ?


“François-Régis Croisier, je suis la plupart du temps professeur des écoles dans le Puy-de-Dôme. Je passe aussi du temps à écrire des chansons, dessiner et m’occuper de ma famille”.


Tu écris que ton style est: Gospel laïc et folklore contrarié. Mais ça veut dire quoi ?


“C’est avant tout une espèce d’auto-private joke. Je suis assez fasciné par la ferveur religieuse tout en étant aussi athée que possible. Gospel laïc c’est donc une oxymore marrante pour me rappeler que j’aspire à une certaine intensité. Folklore contrarié vient plus du fait que quoi que j’y fasse, on me ramène souvent à une étiquette folk, même quand j’ai l’impression d’en être très loin. Ça ne me gêne pas mais c’est parfois un peu réducteur. Si je me mettais à jouer des morceaux ultra-violents de 30 secondes je suis sûr qu’on me dirait que c’est du Grind-Folk”.


Et puis pourquoi Pain-Noir ?


“Le nom s’est imposé de lui-même. Je ne sais plus pourquoi mais j’avais envie d’un nom symétrique et à force de jouer avec cette idée, j’ai fini par avoir ce rêve de deux mains tatouées avec les mots Pain-Noir. Il était dur d’y échapper après ça…”.

 


Tes chansons prennent leur temps, elles ne sont pas immédiates (en tout cas selon moi). C'est une volonté ? Ou je dis une connerie ?


“C’est sûrement vrai. Pour être très honnête, je n’intellectualise pas grand-chose. C’est un peu tarte à la crème mais les chansons s’imposent souvent à moi autant dans le fond que la forme. Je serais  probablement incapable de trouver volontairement un gimmick cool ou de planifier l’écriture d’un morceau taillé pour la radio. La plupart de mes goûts musicaux sont très loin de ce que je fais mais Pain-Noir n’est pas la musique que j’aimerais faire, mais celle que je suis capable de faire. Je me suis fait à l’idée que je ne serai jamais Rivers Cuomo ou Leonard Cohen et je compose avec…”.


Il y a un fil rouge dans tes textes ?


“Quand j’écris, je n’y réfléchis pas du tout et c’est bien après que je trouve souvent une deuxième lecture qui me ramène à des choses personnelles. Il y a des images, des lieux qui reviennent mais ce n’est jamais volontaire. Il n’y a donc pas vraiment de fil rouge, juste des limites de vocabulaire !”


D'ailleurs, tes textes, ils viennent comment ? Tu as un carnet dans lequel tu notes régulièrement des idées ? Ou il te faut la musique avant ?


“C’est très variable. Ma grande spécialité c’est d’écrire un texte sur un carnet, perdre le carnet, réécrire le texte de mémoire, retrouver le premier carnet et bricoler entre les deux ou trois versions d’une même chanson”.


 

Tu as un plan de carrière, tu t'imagines dans dix ans ? Ou c'est au jour le jour ?


“C’est vraiment au jour le jour. J’ai enregistré ces chansons juste pour qu’elles existent. Je n’ai jamais vraiment pensé en terme de carrière. Là, le disque vit une belle vie et c’est très chouette, mais je ne pense pas à une suite pour l’instant…”.


Il y a une certaine mélancolie dans tes textes. Tu es mélancolique ? Ou là encore je dis une connerie ?


“Disons que c’est plus fort que moi. Je n’ai pas l’impression d’être particulièrement mélancolique, mais même quand je pense avoir écrit quelque chose de léger et joyeux,  je me rends compte en réécoutant d’un côté un peu sombre que je ne prémédite pas”.

 


Cette pochette, c'est qui ? Et c'est où ?


“C’est mon grand-père, mais je ne connais ni l’endroit ni l’année. J’ai des boîtes pleines de vieilles photos de famille magnifiques. Ce sont elles que l’on retrouve dans l’artwork de l’album”.


Pour ceux qui vont écouter ta musique pour la première fois, tu leur conseilles de faire ça dans quelle ambiance ?


“Le dimanche en fin d’après-midi, après avoir marché en forêt ou en montagne, quand on est à la maison au calme et au chaud devant une tasse de thé. Mais c’est peut-être un peu restrictif comme conditions”.


Pain-Noir “Pain-Noir” -

Label: Tomboy Lab / Sony

Photos: Julien Bourgeois

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